Il était... un poème.

Ce soir, je suis épuisé.  

Tout me fatigue, même moi,  

je me tape sur les nerfs.  

Mes neurones semblent s'entremêler,  

ne sachant plus où est le nord.  

Même mon coeur,  

si vaillant à l'aurore,  

montre des signes inquiétants  

au moment où j'écris ces lignes.  

Mes doigts tremblent  

comme ceux de grand-père  

et ma vision se trouble  

même sous  

mes lunettes toute neuves.  

Il ne me reste qu'une seule issue,  

définitive et sans appel.  

Il va me falloir un certain courage,  

"avoir du cran", comme dirait mon père,  

mais je n'en peux plus.  

Il est trop tard pour faire marche arrière.  

Je dois aller me coucher.  

©Gaston Rossignol

Remonte ta capine !

Voilà d'la visite !

Sors les paparmanes,

Hector sera présent.

Que règne la dentelle

dans toute sa splendeur !

Je veux impressionner

mon p'tit frère Adélard !

Ce sera la pleine lune.

Ma voix sera claire.

Je vous chanterai

une belle ritournelle

qui mettra de la joie

dans vos cœurs attristés !

Sur un vieil air

de chanson d'autrefois,

je vous réciterai,

comme grand-père le faisait,

ces quelques vers

pour notre plus grand plaisir

afin de faire naître

un sourire magique

et battre de plein fouet

la noire mélancolie

qui attriste les jours

de mon dernier été.

©Gaston Rossignol

Par un bel après-midi ensoleillé,

je me promène en sifflotant

sur les berges du magnifique grand fleuve.

Soudain, venu de nulle part,

un éclair me frappe et me jette au sol.

Après un temps, je me relève.

Une voix mystérieuse

qui résonne en moi,

me commande de revenir au présent.

Elle me martèle: "Je me languis seul au soleil".

Je regarde tout autour de moi,

et je ne vois personne dans les environs,

sauf... mon ombre qui gesticule violemment

et me commande de continuer la marche

me reprochant : "Tu es un être faible

devant les humeurs de Thor.

Sois donc un homme fort."

Alors prenant une profonde inspiration

je lui dis : " Si tu ne te comportes pas

comme doit agir une ombre,

je rentre chez moi, ferme les volets,

et j'écris un poème décrivant

les merveilles de la nuit noire."

©Gaston Rossignol

Ciel de fanfreluche,  

nuage de bananes roses,  

embelli par un soleil de pois cassés,  

tu me laisses entendre  

l'extraordinaire son de sa voix  

qui m'appelle au loin.  

Air frais de poivrons,  

brise de désert sucré  

bordé de montagnes d'arachides,  

j'aperçois son visage  

m'invitant à m'extraire de ma folie  

pour vivre la sienne.  

Sur sa route de guimauves,  

elle me conduira  

vers un fruit rempli  

de félicité.

©Gaston Rossignol